Cameroun, Madagascar, Maroc : les Archives nationales à la croisée des chemins
Entretien donné à Elsa Marguin-Hamon (École nationale des chartes) par Sahondra Andriamihamina (Archives nationales, Madagascarà), Jamaâ Baida (Archives du Maroc) et Esther Olembe (Archives nationales du Cameroun)

La situation des services publics d’archives du continent africain est le fruit de trajectoires historiques et institutionnelles complexes et variées. Cette diversité se lit dans l’organisation des établissements, leur rapport à la tutelle administrative, les liens qu’ils entretiennent avec les administrations versantes, les politiques culturelle, scientifiques et éducatives mises en œuvre, ne serait-ce qu’au sein des seuls pays d’Afrique francophone1. Les témoignages que nous avons recueillis ici ne prétendent ni dérouler l’histoire des établissements d’Archives nationales d’Afrique depuis les indépendances ni, loin s’en faut, documenter de manière exhaustive les solutions institutionnelles retenues d’un pays à l’autre. Il s’agit davantage de donner la parole à trois directeurs qui se sont engagés, et continuent de le faire à plusieurs titres, dans la modernisation de leurs institutions, ainsi que l’enrichissement des fonds et de l’offre au public.
1/ Sahondra Andrimihamina, Jamaâ Baida, Esther Olembe, pouvez-vous rappeler l’histoire de vos services respectifs ?
J. B. : Les Archives du Maroc ont été créées en 2011, avant d’accéder au statut d’établissement public stratégique en 2012. Elles bénéficient d’un cadre réglementaire depuis la Loi 69-99 relative aux archives de 2007. Avant 2007, les archives dépendaient de la Bibliothèque nationale où elles avaient le statut du « parent pauvre », l’essentiel de l’effort de cette institution était consacré aux livres, aux revues et journaux. C’était en fait le legs de la période coloniale qui avait créé cette même bibliothèque en 1924 sous l’appellation de Bibliothèque Générale du Protectorat.
Les fonds les plus anciens sont aujourd’hui conservés à la Direction des Archives Royales, qui a vu le jour en 1975 pour centraliser les archives pluriséculaires des anciens palais royaux.

S.A. : Aux Archives nationales de Madagascar, les plus anciennes archives conservées datent de l’année 1824 et celles-ci correspondent aux lettres écrites par le Gouverneur Rafaralahy Andriatiana de Mahavelona à Radama I.
À la fin du XIXe siècle, le centre de l’administration publique ainsi que les archives sont localisés à Anatirova d’Antananarivo. Les documents conservés dans les domiciles-bureaux des hautes personnalités et dans tout Madagascar ont été rapatriés et centralisés en ce lieu. Ce début de conservation des archives publiques date de la fin du règne de Ranavalona III et de l’établissement du protectorat sous le commandement du général Duchesne, en 1895.
Sous le Général Galliéni, à partir de septembre 1896, le bureau du Gouverneur Général et les archives publiques sont transférés à Ambohitsorohitra. Une section Archives au service du Gouvernement sous la tutelle de la Direction des Affaires Civiles y est créée. En 1914, par arrêté du 25 juillet 1914 elle devient le service des Archives et de la Bibliothèque du Gouvernement Général toujours sous tutelle de la Direction Civile.
De 1931 à 1958, le Service des Archives et de la Bibliothèque est placé sous la direction du Cabinet civil du Gouvernement Général. C’est le 6 mars 1958 qu’est créé le Service des Archives et de la Documentation, sous tutelle du Secrétariat Général du Gouvernement. Et c’est à partir de 1958 qu’est établi le classement méthodique des archives publiques conservées depuis 1895. Le service devient une direction en 1996.
E.O. : Institution héritée de l’administration des périodes d’occupation étrangère, les Archives Nationales du Cameroun comportent dans leurs deux principaux sites (Yaoundé et Buea) l’une des plus importantes collections francophones d’Afrique subsaharienne, avec des documents d’archives couvrant respectivement la période du protectorat allemand (1884-1916), le régime de mandat confié par la Société des Nations (1916-1945) et de tutelle confié par l’Organisation des Nations Unies (1945-1957) respectivement à la France et à la Grande Bretagne. Les Archives nationales conservent également toute la documentation du gouvernement autonome produites à partir de 1957 et indépendant depuis 1960.
Le premier service des Archives sur le territoire du Cameroun est créé par Arrêté n°2924 du 28 mai 1952, ce service devant être nourri par le versement systématique des archives émanant de tous les services administratifs et de tous les documents imprimés au Cameroun selon les termes de l’Arrêté no 4325 du 02 juillet 1952. Il a suivi une trajectoire en dents de scie après l’indépendance du Cameroun en 1960.
2/ De quelle tutelle dépendent les Archives publiques dans vos trois pays ?
J. B. : L’établissement Archives du Maroc, créé en vertu de la loi du 30 novembre 2007, est doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Il est sous la tutelle du Ministère de la culture, mais en tant qu’établissement stratégique, son directeur est nommé par un Dahir Royal. Ceci a l’avantage de mettre l’établissement à l’abri des changements de gouvernement.
S. A. : Rattachée à la Primature, la Direction des Archives nationales est régie par décrets successifs portant organisation et structure des organes et des services auprès du Premier Ministre, Chef du Gouvernement.
E. O. : D’abord Direction commune avec la Bibliothèque nationale entre 1965 et 1978 puis scindées par décret n° 78/496 du 20 novembre 1978, les Archives nationales ont été rattachées au Secrétariat Général de la Présidence de la République entre 1965 et 1984. Par décret n° 84-30 du 04 février 1984 elles ont été transférées au Ministère de l’information et de la culture ou elles ont oscillé, au gré des réformes administratives, entre une Direction rattachée au Ministère de l’information et de la culture, puis au Ministère de la Culture, et un service central de la direction du patrimoine culturel. Aujourd’hui, à la faveur du décret n ° 2014/0882 / PM du 30 avril 2014 portant organisation et fonctionnement des Archives nationales en tant que structure bénéficiant d’une autonomie de gestion, elles sont un service rattaché au Ministère des Arts et de la Culture.

3/ Quelles sont les missions qui incombent à vos directions ?
J. B. : Outre la collecte et la conservation des archives issues des services centraux de l’État marocain, mais aussi l’enrichissement du patrimoine archivistique grâce à l’acquisition de fonds privés d’intérêt national, les Archives du Maroc ont pour mission de coordonner la gestion des archives courantes et intermédiaires des collectivités territoriales et des entreprises et établissements publics ou des organismes privés délégataires d’une mission de service public. En conséquence, elles se trouvent investies du pilotage de l’action de collecte, de traitement et de conservation qui incombe aux services d’archives, quelle que soit la nature des fonds. C’est ainsi que les Archives du Maroc ont été chargées du pilotage d’une commission interministérielle visant à produire le décret d’application de la loi d’archives de 2007 : ce texte règle les conditions et les procédures de gestion, de tri et d’élimination des archives courantes et intermédiaires et les conditions et les procédures de versement, en vigueur dans l’ensemble du réseau. Elles sont également chargées de missions de conseil en la matière auprès de l’ensemble des services publics et privés délégataires de la puissance publique. Les Archives du Maroc sont à l’initiative d’un Guide référentiel de la gestion des archives publiques, accessible via leur site Web.
Aux missions de communication qui sont les leurs au terme de la loi, les Archives du Maroc conjuguent un engagement constant au profit de la recherche historique, aux besoins desquels répond une offre sans cesse renouvelée d’instruments de recherche. Les actualités scientifiques des Archives trouvent une voie d’expression dans la revue publiée à raison d’une livraison annuelle par l’institution et intitulée Archives du Maroc. En outre, la tenue de séminaires et de colloques place les Archives du Maroc au cœur du dispositif de la recherche scientifique du pays.
Étroitement articulée à ces activités de médiation scientifique, la programmation culturelle et éducative des Archives du Maroc se décline en visites pédagogiques, destinées à plusieurs types de publics, expositions de documents inédits, manifestations culturelles, telle la Journée nationale des Archives commémorant la promulgation de la loi de 2007 sur une thématique renouvelée chaque année, et publications de beaux livres et de catalogues.
S.A. : Les missions des AN de Madagascar, fixées par décrets, consistent en :
- l’élaboration et en l’application des textes législatifs, réglementaires et des normes régissant la gestion, la conservation et l’exploitation des archives publiques et des archives protégées ;
- la collecte, la gestion, la conservation et l’exploitation des archives historiques et administratives provenant des institutions, des départements ministériels et des collectivités territoriales.
La Direction des Archives Nationales est le partenaire naturel des institutions et des chercheurs. Sa mission est de protéger cet héritage et de faire connaitre à tous cette mémoire par les moyens de diffusion et de démocratisation les plus adaptés. Son rôle consiste :
- en leur conservation et en leur archivage thématique et chronologique ;
- en leur reproduction officielle à la demande ;
- à les rendre accessibles au public.
Les archives conservées aux Archives nationales correspondent à trois grandes catégories de fonds :
- les archives royales du XIXe siècle, inscrites comme Mémoires du Monde en 2009, par l’Unesco ;
- les archives de la période coloniale ;
- les archives républicaines à partir de l’indépendance.

À cela s’ajoutent les actes officiels de toute nature et les journaux (presse et Journaux officiels). Le total s’élève à 16 km linéaires d’archives.
L’institution conserve également une bibliothèque renfermant plus de 5 000 ouvrages. De nouvelles acquisitions, soit par le biais du dépôt légal, soit par achat, permettent de l’enrichir.
L’acquisition des archives se fait par versements des archives définitives des ministères et des institutions. Le début des versements se situe donc en 1895 jusqu’à peu près en 1995 – soit une centaine d’années. C’est une gestion centralisée par versement systématique. Depuis 1995, le versement est plus conjoncturel, faute de place disponible dans les magasins. Le service accueille encore les dossiers jugés précieux et importants pour la vie des citoyens, comme par exemple les dossiers personnels du ministère de la fonction publique, versés en 2005, ou encore les archives des entités en cessation d’activités.
L’appareil juridique qui régit les Archives à Madagascar reste cependant à préciser par l’élaboration de textes d’application. À partir de 2003 en effet, une note en conseil de gouvernement a permis de gérer les archives de manière déconcentrée et sectorielle : chaque département ministériel doit avoir une unité d’archives à l’exemple des archives judiciaires, archives de la défense et archives des affaires étrangères – ce qu’a confirmé la loi n°2007-019 du 27 Juillet 2007 relative aux archives de Madagascar. Pour l’heure cependant, la loi reste dépourvue de texte d’application, qu’il est primordial de préparer.
E. O. : La mission principale des Archives nationales est de constituer la mémoire de la nation et de veiller à sa sauvegarde. Un service d’archives n’a cependant pas pour seule mission la conservation physique des documents. Il doit aussi en assurer le conditionnement, l’entretien, l’inventaire, la communication, la reproduction, la restauration en cas de besoin et, d’une façon plus générale, la mise en valeur au moyen d’activités scientifiques culturelles et économiques adéquates. Ainsi, l’organisation d’expositions, de conférences, la production de publications, l’assistance technique auprès des administrations publiques et privées et des collectivités territoriales décentralisées, la formation à l’échelle nationale aux techniques de management des archives entrent également dans sa mission.
4/ De combien d’agents disposez-vous pour mener à bien ces missions ?
J. B. : Les Archives du Maroc comptent 51 agents, tous profils confondus, répartis en quatre divisions : Affaires administratives et financières, Communication et diffusion, Collecte et traitement, Archives des administrations centrales et des établissements publics.

S. A. : La direction est répartie en 4 services :
- un service administratif, chargé de la gestion des archives (conservation, production de support de substitution, de l’inventaire thématique, recherche historique, diffusion des archives, relation avec le public, récolement), du contrôle de conformité des copies ;
- un service des relations avec l’administration et les chercheurs, chargé de formation/conseil auprès des administrations publiques et privées ;
- un service de classement et des inventaires, chargé du transfert et déplacement, du triage et du pré-classement, du classement et de l’inventaire des dossiers, de l’estampillage et du foliotage, du rangement ;
- des bureaux des archives régionaux, qui sont pour l’heure non opérationnels.
Le personnel comprend 32 agents : 8 auprès de la direction (dont le directeur et un gestionnaire de base de données) ; 6 agents au Service administratif (dont, hormis le chef de service, trois chargées de recherche et un relieur) ; 8 agents auprès du service des relations avec l’administration (chef de service, 2 chargées de recherche, un responsable de la bibliothèque, un magasinier, 2 surveillants de salle) ; 6 auprès du Service administratif (dont le chef de service, 3 chargées de recherche, un relieur) ; 8 agents auprès du service de classement et des inventaires (chef de service, sept agents de classement).
E.O. : Le cadre organique et l’organigramme des Archives nationales sont en cours de validation. Ils prévoient un total de 1149 agents déployés dans des départements techniques (Législation, Contentieux archivistique et déclassification, Publics, Communication et valorisation des archives, Assistance technique formation et Contrôle archivistique national), des départements et cellules de soutien (finances, ressources humaines, inspection, relations publiques, etc.), et les services régionaux et départementaux.
Toutefois à l’heure actuelle, le personnel en poste est constitué du directeur (nommé par décret du Premier ministre en avril 2016 et confirmé le 31 décembre 2020) et du directeur adjoint (nommé par arrêté ministériel en janvier 2020). Le site des Archives nationales de Yaoundé dispose en outre de 23 agents, fonctionnaires du corps de la documentation (2 inspecteurs principaux, un inspecteur et un contrôleur), 2 ingénieurs informaticiens, 5 cadres contractuels d’administration, 7 agents contractuels, 2 agents décisionnaires. Le site de Buea quant à lui dispose de 3 agents dont 2 cadres, tous inspecteurs principaux de la documentation, et un agent décisionnaire.
5/ De quelles formations initiales et professionnelles sont issus ces agents ?
J. B. : La majorité des archivistes des AM – aux niveaux de l’encadrement supérieur et intermédiaire – sont issus des formations de l’École des sciences de l’information de Rabat, aux programmes de laquelle la direction des AM participe activement en sa qualité de membre du Conseil de cet établissement.
S. A. : Le personnel d’encadrement intermédiaire et supérieur des Archives à Madagascar est issu de l’IDAM (Information, Documentation, Archives et Muséologie), un parcours de licence et de master professionnalisants dépendant du département d’histoire de la Faculté des lettres de l’Université d’Antananarivo, seul parcours en archivistique agréé par l’administration publique de Madagascar.
E. O. : Le Cameroun dispose des formations dans le secteur de l’information documentaire. L’École supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC) est le principal établissement public qui délivre une formation universitaire conforme au système Licence-Master-Doctorat dans le domaine de l’information documentaire. Cette École a produit depuis environ 25 ans plus d’un millier de professionnels en archivistique/records management ou en bibliothéconomie/documentation. A priori ces ressources humaines adaptées à l’emploi devraient atteindre aujourd’hui la masse critique nécessaire à l’organisation des archives au Cameroun. Cependant, il y a lieu de constater l’inadéquation entre les ressources disponibles, les problèmes liés au recrutement dans le corps des métiers d’archivistes, la gestion des carrières, et la nomination aux postes de responsabilité principalement dans la fonction publique camerounaise. Le constat, aussi amer soit-il, est que la plupart des personnels dans les administrations qui sont en charge de la gestion des archives appartiennent à d’autres corps de métier et n’ont pour la plupart jamais effectué une formation même sommaire en archivistique.
6/ Votre établissement est-il impliqué dans des actions en direction des administrations, pour former les personnels aux B.A-Ba du métier ?
J. B. : Outre le Guide référentiel publié par leurs soins, les Archives du Maroc organisent au sein de l’établissement des stages de formation continue. Une session s’est tenue du 19 au 27 octobre 2020, organisée en association avec l’École des sciences de l’information de Rabat, partenaire essentiel des Archives, au bénéfice d’une cinquantaine d’agents en poste dans des services d’archives de différents ministères.
S.A. : Depuis 1995, les Archives nationales ont travaillé ensemble pour former des archivistes. La DAN (Direction des Archives nationales) participe à la formation des étudiants de l’IDAM avec les cours suivants :
- les collections des fonds documentaires ;
- l’archivistique ;
- l’archivistique appliquée (niveaux I et II) ;
- la gestion des services des archives ;
- le management de l’information documentaire.
La direction a, en outre, en charge la formation professionnelle des personnels des services d’archives publics qui, généralement, ne sont pas initiés aux travaux d’archivage et réalise chaque année plusieurs formations. Elle contribue de cette façon à sensibiliser les administrations sur l’intérêt de l’archivage et à permettre, par les formations proposées, la réalisation consécutive de :
- plan de classement ;
- bordereaux de versement, tri, métrage de fonds ;
- salle d’archives intermédiaires;
- reliure ;
E. O. : Les Archives nationales ont offert par le passé des formations courtes certifiantes à l’intention des personnels en charge de la gestion des archives dans les administrations publiques ou privées et les collectivités territoriales décentralisées. Cette formation a été interrompue depuis plusieurs années. Elle fait l’objet d’une réflexion dans le cadre de la restructuration des Archives nationales, d’autant plus qu’il s’agit de l’une de leurs missions fondamentales et que par ailleurs les besoins exprimés et non exprimés en matière de formation sont colossaux.

7/ Qu’est-ce qu’une coopération internationale est susceptible d’apporter à vos projets de service ?
J. B. : Les relations de coopération dans le domaine des archives avec les pays d’Afrique subsaharienne sont de l’ordre de l’informel puisque nous entretenons des rapports avec des archivistes de ces régions sans avoir signé de conventions ou de mémorandum d’entente. Ainsi, pour plusieurs colloques ou stages avons-nous reçu des archivistes du Sénégal, du Cameroun, du Congo2 et autres, comme nous avons reçu la visite d’une ministre de la Culture du Cameroun ou encore de la directrice des archives nationale d’Angola.., sans compter les nombreux ambassadeurs qui nous font l’amitié de visites de temps à autres. Le renforcement de nos relations avec l’Afrique subsaharienne est une de nos priorités et nous pensons réunir au Maroc, en 2021, si les conditions sanitaires le permettent, un forum des directeurs des archives nationales autour du thème : état des lieux des archives en Afrique.
S.A. : D’un réseau international et inter-africain, les Archives de Madagascar attendent, très concrètement, des coopérations dans le domaine de la formation :
- des séminaires de paléographie ;
- des formations à la demande permettant de faire fond sur l’expérience capitalisée dans d’autres institutions, sur différentes techniques et actions mises en œuvre dans les services d’archives ;
- séminaires, stages (2 à 5 jours) et tables rondes de formation ;
- formation sur la conservation préventive et les solutions à trouver et développer pour se procurer un matériel adéquat et produit plus localement.
E. O. : La coopération internationale a constitué et constitue un levier supplémentaire auprès des autorités camerounaise afin d’accélérer le processus de sauvetage des Archives nationales. Un moment fort, à retenir particulièrement, est l’organisation de la 8e conférence annuelle du Conseil International des Archives en novembre 2018 à Yaoundé [voir focus : Plaidoyer pour les Archives nationales du Cameroun].
D’autre part, le plan de sauvetage des Archives Nationales va nécessiter la mobilisation des ressources financières et matérielles et d’une expertise pointue. Certes, la volonté gouvernementale n’est plus à démontrer ; toutefois, le Cameroun aura besoin que soit mobilisée la coopération internationale sur tous ces aspects pour réussir son saut qualitatif dans le secteur de l’archivage.
Focus
- Sauvetage des Archives nationales du Cameroun, par Esther Olembé
- L’avenir des Archives nationales de Madagascar, par Sahondra Andriamihamina
Les Archives nationales du Cameroun et de Madagascar ainsi que les Archives du Maroc sont engagées dans un projet collectif, réunissant un grand nombre d’acteurs internationaux du domaine des Archives, intitulé « Les Archives au service des Nations et des Sociétés africaines ». Ce réseau vise le développement d’actions de formations interrégionales et mobilise en particulier les professionnels des établissements d’enseignement supérieur ainsi que les responsables des services qui accueillent et forment les étudiants ou les agents en formation continue. Il entend ainsi fournir une réponse appropriée aux besoins qui s’expriment auprès des différents partenaires en mutualisant et en partageant ressources, expériences et savoir-faire.
Histoire et situation des Archives en Afrique francophone : orientation bibliographique
- Andriamihamina, Sahondra Sylvie, La numérisation des registres des Sakaizambohitra, conservés à la Direction des Archives nationales de Madagascar, le cas d’Ilafy, Antananarivo, 2010, [rapport].
- Andriamihamina, Sahondra Sylvie, History of the national archives of Madagascar, IOR-ARC, New Delhi, 2012.
- Les archives face à la crise, Direction des Archives nationales, Antananarivo, 2009 [rapport].
- Bat, Jean-Pierre, « Les archives de l’AEF », Afrique & histoire, vol. 7, no 1, 2009, p. 301-311.
- Mban, Albert, Le problème des Archives en Afrique. A quand la solution ?, Paris, L’Harmattan, 2007.
- La mise en place de bureaux régionaux d’archives. Note conceptuelle, Direction des Archives nationales-UNESCO, Antananarivo, 2014.
- Ndiaye, Ahmeth, « Les archives en Afrique occidentale francophone. Bilan et perspectives », La Gazette des archives, no 139, 1987, pp. 223-232. doi
- Ndiaye, Ahmeth, « Les archives en Afrique face au risque de l’amnésie de son patrimoine par l’Homme », Revue gabonaise d’histoire et archéologie, no 2, 2017.
- Projet de numérisation des actes de toutes natures de 1878 à 1930, Direction des Archives nationales-UNESCO, Antananarivo, 2016.
Notes :
- Voir Orientations bibliographiques.
- Nous renvoyons à cet égard au mémoire effectué par Djibril Etou Mambila, agent à la Mairie de Brazzaville, à l’occasion de son stage sous la direction de Jamaâ Baida, directeur des Archives du Maroc, entre le 11 et le 25 novembre 2020.